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les petites filles modernes
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20 décembre 2006

Le Noël de Mademoiselle Pamela

DSC03136 Elle avait tout ce qu’il fallait. Elle avait deux chats ronronnants près de la cheminée, un gros chien noir couché devant la porte et un chien blanc, son favori, le petit Youki, blotti sur ses genoux. Elle avait dans la cage dorée un petit canari qui chantait. Elle avait une perruche bleue qui cachait, en manière de jeu, sa tête sous son aile. Un perroquet bavard, perché sur le dossier de son fauteuil qui la saluait de temps à autre d’un joyeux « Bon Noël ! » qu’elle lui apprenait patiemment depuis un mois. Elle avait du bois sec qui flambaait dans la cheminée. Une maison chaude, des couvertures de laine et un édredon rouge sur sa couche, des bourrelets épais autour de chaque fenêtre, une bouillotte dans son lit, une bouilloire à ses pieds. Sa bouilloire à ses pieds, son chien blanc sur ses genoux, Mademoiselle Paméla tricotait devant le feu de bois. De temps en temps, elle leevait un œil vers la pendule, un autre vers la table chargée de friandises : le bon réveillon qu’elle ferait tout à l’heure ! Elle reprenait le cœur ravi, son tricot. Tricoti, tricotons… Le bon chandail qu’elle aurait cet hiver ! Elle regardait le chaudron de cuivre suspendu à l’âtre : le bon chocolat qu’elle boirait ! Oh, oui ! La bonne maison vraiment où elle vivaait tranquille avec ses bêtes, la belle nuit ! DSC03138 A minuit, quand sonnèrent les cloches, Mademoiselle Paméla s’approcha de la table. Elle se demandait si elle commençait par le jambon, la galantine ou le foie gras. Elle hésitait, penchée sur les plats délicats, lorsqu’un bruit la fit sursauter. Elle se redressa, la figure durcie, les sourcils froncés. « Encore lui » dit-elle. C’était encore lui, le petit voisin qui pleurait. Mademoiselle Paméla se pencha de nouveau vers la table et se décida pour la galantine fine. Youki, le chien blanc, lui montra en aboyant qu’il était de son avis. Qu’il était donc charmant ! Mademoiselle Paméla lui tendit en souriant un gros morceau, mais son sourire se figea sur ses lèvres… De nouveau le même bruit… Cet enfant pleurait tout le temps. Evidemment il était malheureux, sa Maman était morte et son papa travaillait à l’usine toute la nuit. Et il restait seul… Seul à six ans. Est-ce une raison pour troubler les braves gens ? « -Il me faudrait, dit tout haut Mademoiselle Paméla, un mur plus épais. » Elle reprit une tranche de foie gras. Une bouchée, deux bouchées et de nouveau les mêmes cris… Il avait peur ce petit Michel, c’était certain ou il avait faim… Oh ! L’ennuyeuse pensée. Il fallait vite l’oublier, fermer ses oreilles à ces cris, jouir de cette fête, de ce bon réveillon. Allons Paméla, un peu de jambon ? « C’est Noël, cette nuit, la fête des enfants ! » Paméla s’arrêta interdite… Qui a chanté ? Qui a osé chanter cela ? Est-ce toi, vieille Paméla ? Pourquoi redis-tu ce soir après tant d’années ce vieux refrain d’autrefois ? - Un peu de jambon ? Non, Mademoiselle Paméla n’en veut pas. Elle a ferrmé les yeux, elle rêve maintenant. Elle voit une vieille maison de pierres blanches, une maison garnie de houx et de guirlandes. Une toute petite fille bat des mains devant l’arbre merveilleux ? Une jeune femme Oh, doux visage ! Oh ! douce tendresse ! la tient dans ses bras. Elle chante : « C’est Noël, Paméla, la fête des enfants ! ».Mademoiselle Paméla se lève. Elle prend sa lampe et sa houppelande. Elle quitte la maison chaude. Où vas-tu vieille Paméla, une couverture sur le bras ? Pourquoi cours-tu dans la nuit noire ? Pourquoi Paméla ? … On n’entend plus dans la chambre que le tic-tac de la pendule. On entend le vol éffarouché de la perruche, le grognement sourd du chien. On entend les bûches qui pétillent dans la cheminée… DSC03140 Mademoiselle Paméla revient, une grosse couverture contre elle. Du paquet sort un enfant aux yeux brillants, aux joues mouillées de larmes. Du paquet sort le petit voisin. Elle l’assied devant la table. Elle le sert. Du jambon pour le petit garçon qui a faim. Du lait bien chaud pour le petit qui a froid. Et des gâteaux pour le petit qui n’a plus de maman. Quand il a eu bien mangé et bien bu, quand il a été repu, le petit homme s’est endormi. Près du feu sur les genoux de Paméla, le petit voisin a rêvé de sa Maman. Alors le canari s’est remis à chanter, les chats à ronronner. Alors, Mademoiselle Paméla a couché le petit garçon sous le gros édredon. Elle s’est assise près de lui pour le protéger. Elle s’est remise à tricoter. Mais dans son cœur la joie chantait, la joie de Noël retrouvée. De temps en temps elle se penchait sur le petit, elle l’embrassait puis elle reprenait son tricot – tricoti – tricotons – Et à mi-voix, elle fredonnait : « C’est Noël, Michel, la fête des enfants ». Et le perroquet criait avec elle « Bon Noël » en battant des ailes. Conte de Colette Nast – Pour aujourd’hui et pour demain. Fernand Nathan 1956
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Commentaires
F
très joli conte qui finit bien... et belle illustration !
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